Une expiration très incomplète, la principale erreur faite par les runners
- cyrilricci
- 9 avr.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 17 heures
S'il y a encore lieu de justifier les avantages d'une technique ventilatoire efficace dans les sports d'endurance (et encore plus dans les sportés non portés à cause du role de stabilisateur du tronc opéré par le diaphragme), je vous invite à lire l'ensemble de la documentation sur ce blog et les presque 50 articles qui y sont consacrés.
Pour le reste, voici ce que l'on retrouve de plus fréquent sur le monitoring d'un runner ou triathlète.....
Une expiration incomplète pouvant aller de 8% (pour les plus habiles) à 20% pour les autres) du Fev1
Ce Volume semble correspondre au volume expiratoire de réserve, lequel n’est possible d’expirer qu’avec une conscientisation et une contraction diaphragmatique maîtrisée ajoute à une contraction des muscles abdominaux
Ci dessous, une séance enchainée à 95% de puissance critique avec 2 intervalleS de 25'
Le graphique ci dessous reprend l'intervalle 2;
La consigne
Sur ce dernier, il lui a été demandé d'expirer volontairment au max et il lui a été proposé un retour visuel sur ses données de charge interne (Rf, Vo2, Tv, Ve, Hr, FeO2..)

Ces "fameuses" 3 minutes en bleues ci dessous
On remarque assez facilement la nette augmentation du volume courant (Tv)
En violet la zone de volume courant idéal (i Tv)
La zone parait assez basse une fois le feedback visuel instauré, mais cela provient du test spirométrique "statique" effectué en début de séance.
Parfois ces tests ne sont pas assez représentatifs par l'imprecision ou la malhabileté de l'athlète (lire article ici).
Aussi les phases de monitoring dites "dynamiques" permettent d'affiner la calcul de cette modélisation du volume courant idéal (i Tv, i Tv R) d'un point de vue métabolique (lire article ici)

Retranscription sur la charge interne et le rendement

L'analyse rapide des données ci-dessous nous permettent d'observer que la série avec feedback et expiration totale en conscience comme consigne (rappelée sur quasiment tous les cycles ventilatoires) est celle avec:
La plus haute puissance
Le plus haut volume courant (Tv)
La plus basse fréquence ventilatoire (Rf)
Le plus bas volume courant (Ve)
La vitesse la plus élevée (Speed)
Le plus bas équivalent ventilatoire en O2 (EqO2)
Le meilleure fraction d'O2 dans l'air expiré (FeO2)

Afin d'apprécier les effets de la consigne d'expiration totale + feedback visuel, le tableau ci dessous reprend la moyenne des 21 premières minutes comparées aux 3' sous la consigne

Les améliorations suivantes sont donc à mettre au crédit de la consigne d'expiration totale + feedback visuel
Puissance, amélioration de 5% et 15w
Fréquence ventilatoire baisse de 30% et 11,5 bpm
Volume courant amélioration de 12,2% et 0,78 L
Vitesse augmentée de 5,74% et 0,9 Km/h
Equivalent ventilatoire en O2 abaissé de 25,6% et 5,77 L
L'extraction de l'O2 musculaire améliorée de 5,5% et 0,9

L'élévation du volume courant (Tv) engendrant une baisse de la fréquence ventilatoire (Rf) avec un volume total meme inférieur permettent d'observer une amélioration du rendement énergétique
Le tableau ci dessus avec la colonne Power / EqO2 représente la puissance développée pour un litre d'air
Plus ce chiffre sera élevé et plus l'athlète est efficient .
On la dernière série à 20,5 w / L d'air pour de 16,39 W sur les 21 minutes
Nous avons donc une hausse du rendement énergtique de 4,11 W / L soit de 25%
Nous avons observé un volume d’air total légèrement inférieur sur la série avec consignes qui a pourtant été la plus efficace en terme de rendement et de vitesse de déplacement.
Cela signifie donc que le volume total n'est pas réellement un discriminant, surtout sous VT2, il doit simplement etre suffisant pour maintenir une pression partielle en Co2 (PpCO2) stabilisée et acceptable par l'organisme, tout en sachant que nous souhaitons augmenter legèrement cette PPCO2 (qualité egalement travaillée dans l'entrainement ventilatoire)
Nous avons par contre eu, une nette hausse du volume courant (Tv) et une baisse de la fréquence ventilatoire (Rf).
Ceci a eu pour effet une legère augmentation de la pression partielle en CO2.
Cette augmentation PpCo2 a permis la potentialisation de l’effet Bohr qui a amélioré la capacité d’extraction de l’oxygène musculaire (Feo2).
Ceci avec un volume d’air même inférieur, nous avons une VO2 supérieure.
Mais le gain de puissance s’explique aussi et surtout par la baisse du coût de la ventilation grâce a la baisse de la fréquence ventilatoire de près de 30% et 11,5 bpm
Ceci n’a pu être possible qu’avec une augmentation du volume courant pour garder un volume total permettant un équilibre dans la pression partielle en CO2 acceptable au vu du niveau de puissance produit.
Conclusion
Apres plus de 250 monitoring de runners, les tendances rencontrées lors de l'étude de ce cas sont assez similaires.
Un volume courant à l'effort nettement inférieur au volume courant idéal, une Rf trop élevée...
Donc une inefficience globale, métabolique et énergétique.
Pour pallier ce phénomene, l'adoption de stratégies ventilaoires spécfiques à la modalité de l'effort ainsi qu'à son intensité et environnement dans lequel il est produit, apparait comme un levier de performance incontournable dans la recherche d'optimisation.
La capacité à garder à volume courant proche du volume courant idéal (i Tv) et une fréquence ventilaotire (i Rf) dans une zone similaire à celles prescrites dans le profil de performance ventilatoire de l'athlète est une condtion impérieuse pour atteindre le plus haut degré d'optimisation et de rendement métabolique et énergétique
Pour ce faire, la capacité ventilatoire doit etre entrainée de façon spécifique afin de pourvoir soutenir les différentes stratégies ventilatoires tout au long de l'effort .
L'identification de ces stratégies ventilatoires s'effectuent lors de monitoring dédiés (comme l'exemple de cette séance).
Tout cela s'inscrit dans le Ventilatory training & strategies protocol dans lequel cet athlète s'est engagé.
Il permet, à travers un profilage physiologique complet et des monitoring, de définir avec une grande précision le profil de performance ventilatoire .
Ce dernier associe des volumes courants et fréquences ventilatoires idéaux en fonctions des zones de puissances et de la modalité de l'effort.
L’utilisation de stratégies ventilatoires, adaptées et contextualisées à l’effort, est une voie de performance dont il est impossible de se passer pour optimiser ses résultats.
Cela n’est possible qu’en suivant également un entraînement des muscles ventilatoires dans les axes suivants :
Conscientisation
Mobilisation et coordination
Force et endurance
Tolérance au CO2
Tout cela afin que la capacité ventilatoire soit suffisante pour maintenir ces stratégies sur la durée.
NB:
Meme si cette erreur d'expiration incomplète est plus à mettre au crédit des runners ou triathlètes, elle n'en est pas moins leur apanage, et, les cyclistes ou quasiment n'importe quels autres sportifs, sont aussi totalement concernés.
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